Sur la polémique autour de l’embouteillage d’eau minérale

La protection de l’environnement dans un département comme la Haute Savoie est un sujet clé dans de nombreuses communes. Lorsque celle de Divonne-les-bains, ainsi que la communauté de communes du Pays de Gex (CCPG) abordent la thématique du projet d’aménagement et de développement durable (PADD), cela amène depuis quelque mois un débat qui sépare divers camps, car un projet d’embouteillage de l’eau de Divonne était inclus dans le PADD. Ce projet a été récemment retiré du PADD. Élus, habitants et entreprises se posent la question du bien-fondé de la mise en embouteille de l’eau si bienfaitrice de Divonne.

Les arguments du collectif

En premier lieu, on peut se demander sur quoi repose la polémique, dans la mesure où il s’agissait d’un projet qui était censé profiter à la ville. D’un côté donc, le collectif Eau bien commun s’oppose au travers de pétitions et actions associatives au projet. Pour ce collectif, une usine de fabrication de bouteilles en plastique pourrait modifier de manière néfaste le visage de la ville : fréquence des véhicules pour transporter les bouteilles, nuisances sonores et environnementale pour les gessiens, accumulation de la masse de plastique qui endommage la planète, volonté de garder l’eau pour les habitants de la zone, peur de voir les bénéfices de cette initiative profiter à une petite poignée de personnes… nombreux sont les arguments du collectif.

Les contre-arguments de la Ville

D’autre part, le projet d’embouteillage pouvait éventuellement servir de valorisation du territoire, au travers d’une marque, comme l’on fait auparavant Evian ou Thonon. En raison de la création potentielle d’une usine, il s’agissait également de créer des emplois et dorer l’image de la ville. La ville promettait de payer les travaux nécessaires à l’acheminement de l’eau et à financer les frais de mise en place du projet, à condition que les privés payent 2 millions d’euros par an. Il faut souligner également que la marque Divonne-les-bains déposée par la municipalité est une démarche qui a été réalisée il y a des années, donc ce projet était déjà murement réfléchi depuis un certain temps.

Divonne aura-t-elle son eau ?

Pour le moment, le collectif a réussi la première étape de sa lutte, c’est-à-dire éliminer le projet d’embouteillage du PADD. Ils avancent que dans la mesure où ce projet débouchera sur un gaspillage certain il ne peut être cohérent avec une quelconque durabilité dans la commune de Divonne dans le pays Gessien. Pour le moment donc, le projet est suspendu. Mais jusqu’à quand ? Le collectif a pour objectif de bloquer complètement le projet, que ce dernier ne soit même plus proposé à la commune.

Divonne-les-Bains est une station thermale réputée depuis 1848. Les termes assurent des eaux généreuses et environnement naturel qui fait des jaloux. Cette eau doit-elle rester celle des gessiens ?

3 reflexions sur “Sur la polémique autour de l’embouteillage d’eau minérale

  1. jojo

    L’eau est un bien commun et donc ne devrait pas être « privatisée*. Dans certains pays elle est même gratuite.

    Dans le Pays de Gex, en forte expansion de la population, on achète déjà de l’eau du lac Léman pour ne pas trop épuiser la nappe phréatique.

    Dans ce contexte, embouteiller de l’eau avec du plastique pour l’exporter loin ne semble pas être dans la philosophie d’un développement durable. Mais peu d’élus du Pays de Gex ont compris ce que veut dire Développement Durable!

  2. Klaus Röhrich

    Recettes : 400 000 000 bouteilles / 2 000 000 € de recettes -> € 0.005 (0.5 cent) par bouteille (ou €3 par m3) pour la commune, cela n’est pas enorme pour le fournisseur de l’eau vis-à-vis des marges pour l’usine, les distributeurs ou encore les surfaces de vente.

    Emissions : On trouve des chiffres autour de 0.1 litre de pétrole consommé dans la production d’une bouteille d’eau. Cela correspond à 107 200 tonnes CO2 par an.

    Emploi : le dizaine de personnes qui travailleront à l’usine vont s’ajouter aux pendulaires qui viennent chaque jour du Jura ou du bassin Belgardien.

  3. Claudio PISANI

    L’eau devrait être considérée comme un bien public. A ce titre, aucune entité publique ne doit pouvoir la vendre. Si, en 1848, l’eau était abondante, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Et que dire de demain ?

    Les recettes de deux millions par année ne sont pas le seul critère à retenir pour opérer le choix de construire une usine d’embouteillage. Ne faudrait-il pas également prendre en compte toutes les autres potentielles nuisances : trafic de camions, entretien du réseau routier à la charge de la collectivité divonnaise, épuisement ou risque très élevé d’assèchement de la nappe phréatique, mise en danger de l’arrosage des champs cultivés (ainsi que des revenus des exploitants agricoles), mise en danger de la faune et du gibier s’abreuvant dans la zone de l’usine, nuisance engendrée par le transport de cette eau embouteillée en Asie ? Que valent-elles toutes ces nuisances, plus ou moins que deux millions ?

    Enfin, ne faudrait-il pas également prendre en considération les obligations contractuelles que la Commune de Divonne prend l’engagement de respecter ? Selon l’évolution du climat de la région et de l’hydrologie les investisseurs privés vont-ils tout perdre ou se sont-ils organisés pour reporter tout ou partie du risque économique sur la collectivité ? Les représentants de la Commune de Divonne sont-ils à même de négocier toutes les modalités du contrat pour éviter d’engager la collectivité dans une aventure désastreuse ?

    Trop d’incertitudes et de nuisances pèsent trop lourdement sur ce projet ? Pour le bien de la collectivité (personnes et environnement), j’invite les autorités en charge de ce dossier à y renoncer et à rechercher un autre moyen pour produire des recettes.

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